«Ai-je le droit de me poser publiquement en psychanalyste? – Je vous fais manifestement un grand plaisir si je vous repousse loin de moi mais je dois vous réclamer, affirmer que vous êtes un superbe analyste qui a saisi l'essence de la chose.» Ainsi s'engage en 1917 le dialogue entre Groddeck et Freud. Dialogue où se révèlent, du côté de Groddeck, la passion, l'humour, le goût du jeu et la saisissante présence corporelle qu'on lui connaît ; chez Freud, la rigueur, souvent chaleureuse, parfois tranchante, le mot juste et l'affirmation souveraine ; en l'un et l'autre, un intraitable entêtement. Confrontation de deux «moi» et aussi, en chacun, des turbulences du «ça» et des pouvoirs du «moi».
On trouvera ici l'ensemble de la correspondance qu'ils ont échangée pendant une quinzaine d'années. Des lettres adressées par Groddeck à d'autres correspondants, notamment à Ferenczi, précisent l'enjeu du malentendu. Un éloge de Schweninger – qui, plus que Freud, fut son modèle –, d'autres fragments inédits dessinent la personnalité de l'auteur du Livre du ça.