Les échos d'une enfance et d'une adolescence troublée, disloquée par l'exode et la guerre, se sont répercutés à travers l'œuvre de Pichette,
dont la poésie est hantée par la Mort, l'Amour, la Guerre. En 1945, le manuscrit du Puzzle – toujours inédit mais qu'il a l'intention de publier – obtient une voix au prix de la Pléiade. Celle d'Éluard. Pichette a 21 ans. Il a écrit depuis de nombreux poèmes, deux pièces : Les Épiphanies et Nucléa.
Les «Odes à chacun», c'est d'abord des Odes, c'est-à-dire une poésie que l'on n'a guère l'occasion de lire aujourd'hui. L'auteur y traite de sujets, de vrais sujets : la terre, la neige, la petite enfance, la campagne. Son langage est compréhensible, il s'adresse même immédiatement à chacun. Pour l'entendre, il suffit d'avoir un cœur.
Car c'est un grand poète qui se révèle ici. Un poète qui reprend à son compte les vastes mouvements de lyrisme, les accents épiques, les images éclatantes qui, de tout temps, ont fait la gloire de la poésie et expliquent la fascination qu'elle exerce. Pichette pourrait se réclamer des poètes du XVI^e siècle, de Hugo et d'Aragon. Tout au moins il est de leur famille, il s'inscrit dans leur tradition.