Les hommes sans nom: c'est le deuxième des trois romans où l'auteur a entrepris de décrire, à travers des personnages fictifs, la vie de la Salpétrière, l'immense hospice qui abrite depuis trois cents ans les misères de Paris... Lit n° 7 et son ami Monsieur Boulle, l'Escargot et son ennemi Godelure, l'ouvrier du square des Anges, l'ancien gardien de phare Avelonga, l'homme-à-Ia-danse et l'homme-au-rire, Goldberg l'enroulé, Tonton de Bottard, Lalouette de Charcot, le charpentier Jules, l'accordéoniste P'tit Louis, Monsieur Maurice l'accordeur aveugle et Loustau de Laribo, vétéran qui a fait le tour des hôpitaux parisiens, sont autant de ces hommes sans nom.
Tous ceux qui peuvent quitter leur lit descendent l'après-midi dans les vastes cours qui portent encore les noms de Mazarin et de Vincent de Paul, de Pomponne et de Lassay, de Pinel et de Charcot. Là, hommes et femmes se retrouvent, et s'ébauchent parfois des
amours. Avec les beaux jours, de petits groupes se forment un peu partout au gré des voisinages, des amitiés, des jeux de cartes, et les parties s'interrompent quand paraît l'abbé-à-Ia-jambe-de-bois, encore appelé l'abbé John. C'est un énigmatique personnage, prêtre défroqué, voyageur sédentaire, occultiste et surtout poète manqué. Il enchante de ses récits fantastiques et d'une intarissable faconde ses camarades d'infortune. On fait cercle autour de lui car il aide ces reclus à s'évader de la morne cité grise et à oublier quelques instants le présent et le lendemain.