Maurice Bedel n'a jamais craint de s'attaquer aux problèmes sociaux les plus épineux ; ce sont ceux-là qui l'attirent. On sait les ennuis que lui ont valus sa Iiberté d'esprit et la franchise de son jugement.
Dans son nouveau roman, Le mariage des couleurs,
dédié aux sang-mêlé des deux hémisphères, il étudie la position des mulâtres dans la société blanche. L'action, qui se partage entre la France et l'Afrique noire, nous mène de la vallée de la Loire à la forêt de la Côte d'Ivoire, de la jeune fille blanche Jasmine à la jeune fille noire Aou, dans une atmosphère de drame humain et de poésie de la nature où l'on retrouve, avec la grâce des précédents ouvrages de Maurice Bedel, l'expérience et l'autorité de l'homme qui a voyagé sous toutes les latitudes.
Florian est un jeune métis de la Martinique, très beau mais très malheureux. Deux sangs luttent en lui : celui de ses ancêtres noirs, esclaves antillais, et celui de ses
ancêtres blancs, les Boismarleux.
Florian, qui mène à Paris des études de sciences naturelles, accomplit une sorte de pèlerinage au château de ses aïeux en ÎIe-de-France, mais il en revient ulcéré. Bien qu'il rencontre une jeune Tourangelle à laquelle il n'est pas indifférent, il accepte un poste de botaniste dans les laboratoires de Yopodoumé en Côte d'Ivoire. L'Afrique d'abord le comble puis le rejette. Serait-ce le sang blanc du métis qui serait le plus fort? Il répudie sa petite épouse noire, la jolie Aou, et revient en France où l'attend fidèlement Jasmine, la fille de la Touraine, qui saura lui faire comprendre que le bonheur peut exister entre deux êtres de couleur de peau différente.
Dans cette œuvre d'art ravissante où se marient l'Afrique et l'Europe avec toutes leurs violences et leurs séductions, Maurice Bedel pose, en poète et en biologiste, la question du mariage entre blancs et gens de couleur et il en donne la solution selon le cœur et selon la raison, double source de vérité.