Du Marais au Canal Saint-Martin, de la rue de Lappe aux palaces des Champs-Élysées, le piéton parisien jette son filet à chaque coin de rue, à chaque détour du sentier : il retire le moindre murmure des mémoires, le plus léger cri de l'herbe. Il n'a plus besoin de regarder pour voir, et cinquante ans lui sont comme une seconde. Les douleurs qui guettaient aux portes l'accrochent au passage, les fantômes ne l'oublient pas ; les fumets, les reflets et les cendres de mémoire se glissent dans son village.
Comme le piéton parisien est poète, et grand poète, son lecteur ne manque pas de se sentir lui-même poète. C'est un sentiment très agréable.