L'auteur a raconté cette histoire, sans intentions ni prétentions, comme elle se présentait à lui. Le Pari n'est pas un roman à thèse, il se borne à narrer des faits. Ces faits, ce sont les actes hasardeux de jeunes gens de 1925, désaffectés de leurs fonctions et de leurs croyances par le scepticisme de l'après-guerre, mais animés quand même, et pour ainsi dire malgré eux, de passions humaines. Le conflit subconcient entre des sentiments qui les élèvent et une volonté cynique qui les abaisse détermine les actions des personnages. C'est si l'on veut, le conflit classique mais renversé entre le vouloir et la passion, car l'auteur, trop optimiste peut-être, a cru observer que nos élans spontanés, aujourd'hui, sont meilleurs que nos décisions.
Le lieu principal du drame est Paris, la vie parisienne dans sa pure et un peu
louche vanité ; le héros, un jeune homme riche assez nul et assez vil plutôt par intention que par nature ; l'héroïne, une jeune fille effrayée de découvrir en elle des passions que son idéalisme avait ignorées. Le personnage raisonnable du roman n'est ni le jeune homme, ni la jeune fille, mais une femme frivole, pure en dépit de ses actes, aimante en dépit de sa volonté. Enfin, l'auteur a cru devoir donner un premier rôle à un personnage nouveau, auquel le roman de mœurs n'a pas encore réservé la place qui lui semble due : on veut parler de l'automobile. On y verra l'automobile commander une partie de l'intrigue, inspirer des passions difficiles à distinguer de celles de l'amour.
Le Pari aura une suite, où l'on pourra voir les héros, à peine mûris, tenter la conquête tragique de leur responsabilité.