Après le suicide de son frère, Richard, longtemps poursuivi par le remords de n'avoir su que l'encourager dans ses excès, tente de se ressaisir, de quitter lui-même ses habitudes de plaisir à tout prix. Il songe à se dévouer à quelqu'un, et c'est Dominique qu'il choisit, une jeune femme très belle mais qui, après de cruelles désillusions, a vécu de galanterie et s'est livrée aux stupéfiants. Dominique aime Richard, Richard aime Dominique mais il ne peut résister longtemps aux tentations du plaisir. L'existence du couple est orageuse, coupée de ruptures brutales et de raccommodements. Inévitablement, ils sombrent à nouveau dans les paradis artificiels. Une nuit, Richard manque d'être tué dans un accident d'auto. Longtemps il doit rester dans un corset de plâtre. Dominique le soigne avec le plus grand
dévouement. Hélas! dès la santé revenue, tous les chiens se réveillent en Richard, et c'est avec une lucidité amère, un cynisme douloureux qu'il envisage de continuer «au cours d'années interminables, d'aimer sans aimer, jouir de la vie en la massacrant, adorer le bien et le beau sans savoir les servir».
Et alors que sa mère, par une vie de pauvreté, de renoncement, de sacrifice et d'angoisse, semble avoir fait «le tour du malheur», c'est Richard, comblé de tous les dons, de toutes les chances, qui, ayant tout ruiné et ravagé dans une course, une chasse sans merci à l'impossible, a, en fait, accompli le tour funeste.
Ainsi s'achève logiquement ce grand et passionnant roman, qui est une peinture à la fois pittoresque et cruelle d'une époque révolue, l'analyse puissante d'un caractère d'homme, et une grande leçon morale.