À supposer que les citoyens honorables de l'Empire Romain aux temps d'Auguste ou de Néron se fussent représenté l'idéal pour lequel mouraient les esclaves jetés aux bêtes qu'on appelait des chrétiens, ils auraient sans doute dit qu'il y avait quelque chose d'élevé et de respectable dans cette philosophie nouvelle, mais que, par malheur, cessant d'être une philosophie, elle n'était plus que le prétexte aux actions intolérables d'une tourbe, d'une canaille au couteau entre les dents. Ils auraient dit que «Aimez-vous les uns les autres» n'était qu'un slogan, et que l'homme chrétien, pure abstraction, ne se rencontrait pas dans la vie.
Y a-t-il un homme communiste? Celui qui a écrit le livre que voici n'a pas voulu répondre systématiquement à cette question posée. Il s'est borné à des exemples, pris dans la vie des hommes qu' il a connus, dans son propre pays. C'est qu'à une question volontairement abstraite, comme pour suggérer qu'on n'y peut affirmativement répondre qu'en un monde utopique, l'auteur a cru opposer plus efficacement ces images concrètes. Y a-t-iI un homme communiste? Assurément, s'il est là, même si vous ne le voyez pas, approchez-vous : vous entendrez son cœur battre.