Après La Fontaine Médicis, qui nous montrait Richard Dalleau au sortir de l'adolescence, tourmenté par la chair, plein d'ambition, animé d'une volonté et d'un appétit de vivre sans bornes, Joseph Kessel nous donne le deuxième volume de sa vaste fresque,
Le Tour du Malheur.
1921. Richard est avocat. Orgueilleux, il entend rester indépendant. Aussi végète-t-il en compagnie d'une avocate, qui l'aime et dont il a fait sa maîtresse dévouée et humble. Or, un jour, un mendiant, mutilé de guerre, tue en pleine rue Mme Bernan, et choisit Richard pour avocat. Ce mutilé n'est autre qu'Étienne, revenu on ne sait comment de la tourmente, et qui a sombré
parmi les clochards et les mauvais garçons. En tuant sa mère, il a cru effacer la honte qui le poursuit depuis qu'il a découvert quelles étaient ses mœurs. Après bien des hésitations, partagé entre les scrupules de l'amitié et les tentations de la gloire, Richard accepte la défense d'Étienne dont le père, devenu directeur de la Sûreté, entend éviter le scandale, et apporte à Richard l'aide puissante de son inffluence. Aux Assises, il prononce une pladoirie retentissante, Étienne est acquitté. C'est, pour Richard, la gloire et la fortune.
Ce roman n'est pas seulement l'évocation magistrale d'une affaire judiciaire douloureuse aux dessous compliqués ; c'est encore la peinture aiguë de caractères ardents, l'analyse de crises de conscience, la description enfin de cette lutte infernale du bien et du mal qui va ravager, déchirer les personnages, et les emporter dans une course folIe et sans issue.