Jean Follain évoque dans ce livre le chef-lieu (11 000 habitants) de Normandie où il a passé son enfance, avant la guerre de 1914, et que la guerre de 1944 a détruit. C'est, plutôt que des souvenirs, une description aussi bien de la ville, de la maison familiale, que des heures, des jours, des jeux de jadis. Le parfum léger, mais tenace et mélancolique, des choses du passé baigne ces pages écrites avec amour, avec ferveur et sans inopportuns ou inutiles regrets. Les rues «au pavé moussu, dont, à quatre heures du soir , les cris d'enfants tuaient le silence», les boutiques, les auberges, les mots quotidiens employés par les hommes et de ces temps figés où, à soixante ans, on payait l'absinthe le même prix que dans la jeunesse, les humbles gestes, les humbles joies, les humbles peines, tout un monde est recréé, et, s'il nous semble vivre au ralenti, c'est qu'alors «tout durait et restait peuplé d'attente».