Trad. de l'italien par Michel Arnaud, Mireille Blanc-Sanchez, André Boronad, Jacqueline Brunet, Jean-Claude Camard, Francesco Furlan, Emmanuelle Genevois, Corinne Lucas, Sylvaine Macchi, Anne Motte-Gillet, Marie-Françoise Piéjus, Marie-Hélène Poli et Laurence Villalba. Édition publiée sous la direction d'Anne Motte-Gillet avec la collaboration de Michel Arnaud, Mireille Blanc-Sanchez, André Boronad, Jacqueline Brunet, Jean-Claude Camard, Jean-Louis Fournel, Francesco Furlan, Emmanuelle Genevois, Jean-Victor Jumelin, Paul Larivaille, Corinne Lucas, Sylvaine Macchi, Marie-Françoise Piéjus, Marie-Hélène Poli et Laurence Villalba. Préface de Giancarlo Mazzacurati
Si la Divine Comédie fut plus admiree qu'imitée, il n'en alla pas de même pour l'«humaine comédie» que fut le Decaméron. Durant plus de deux siècles le recueil de Boccace devint un archétype, donnant à la nouvelle un rôle privilégié
dans la fondation de la jeune littérature italienne en prose. Quelques-uns de ces «conteurs» sont restés célèbres : Alberti, Laurent de Médicis, Vinci, l'Arétin, Castiglione, Machiavel. Mais d'autres ne sont pas sortis de l'anonymat ou sont tombés dans l'oubli. Tous cependant furent lus, traduits et souvent plagiés, constituant ainsi pour les littératures européennes une source inépuisable de trames qui furent reprises par les plus grands auteurs. On n'en citera qu'un seul : Shakespeare. Ces récits brefs se veulent des précipités d'expérience : épisodes surprenants et passions indicibles s'y inscrivent paradoxalement dans la quotidienneté. Au détour d'un bon mot, le
lecteur cueille l'expression d'un type humain dans une réduction de l'histoire qui contracte le sens, comme la maxime qui opère contre la logique linéaire d'un traité démonstratif. En fait, ces textes – qui prennent corps dans un incessant va-et-vient entre la transcription d'une
libre parole et la rigoureuse élaboration de la construction littéraire – témoignent de la tension entre l'oralité et l'écriture aux premiers temps de l'imprimerie. Car ce n'est pas la mesure et les proportions harmonieuses recherchées par la nouvelle perspective du Quattrocento qui émergent de ces contes et de ces nouvelles, mais bien la variété et le mouvement. Pour plaire et divertir, il faut surprendre,
quand bien même l'arrière-pays témoigne d'un monde bouleversé par le déclin de la civilisation communale et par les guerres d'Italie.