Paul West entreprend ici le récit de ses misères physiologiques anciennes, récentes et actuelles, dont le moment le plus dramatique et le plus traumatique a été l'accident cérébral qui donne son titre au livre.
Ce n'est pas pour se plaindre que l'auteur a écrit cet hallucinant reportage médical. Certes, les critiques acerbes ne manquent pas contre les médecins, leur suffisance ou leur incompétence vaniteuse, les réflexions sont vives sur le fonctionnement des hôpitaux, et mûrement lucides sur le droit de mourir. Mais de cette longue série d'épreuves et de souffrances, Paul West a surtout décidé de faire un exercice de style littéraire : baroque, elliptique, en jouant des mots, des images et des associations d'idées qui mobilisent son immense culture autant que son humour le plus mordant.
Enfin, si ce récit a été pour Paul West une catharsis transcendée en «connaissance de soi» et en pratique d'inventivité langagière, il constitue aussi une «leçon» pour le lecteur : leçon de vie, de farouche affirmation de la supériorité de l'art et de l'intelligence sur les défaillances du corps.