Trad. de l'anglais (États-Unis) par Claire Fargeot
«Les étoiles, c'était quelque chose, depuis que je savais les reconnaître. J'adressai un sourire à Epsilon Lyrae à travers le pare-brise de la Honda Civic de mon copain. Mon copain! Un homme beaucoup plus âgé, qui, je l'aurais parié, avait lavé ses cheveux ondulés avec un shampooing aux herbes. Derrière nous, sur la petite banquette arrière, le copain de mon copain embrassait maman.
– Merci pour le restaurant grec et pour la promenade. Merci pour la bière, avons-nous dit à nos amis. Ils venaient de nous déposer devant la porte.
– La prochaine fois, nous ne choisirons pas un endroit aussi minable, fit l'un des deux.
– Adios! Ai-je crié en mettant un bras autour de maman.
– Au plaisir de ne plus vous revoir, a-t-elle ajouté, en agitant la main.»
Petit guide de l'amateur de nuit
«... elle parcourut rapidement le courrier : un coupon publicitaire aux couleurs criardes, une facture de Jamestown Liquors, le programme de novembre des chaînes TV par abonnement, et le pire – le plus drôle – une lettre déjà ouverte, extrêmement méchante, de parents de Clark dans le Nord. Tu es un vieil imbécile, lut Allison, puis : On se joue de toi. Un chèque au nom de Clark était joint, mais signé comme il l'était, Jésus H. Christ, il était impossible à encaisser.»
À toi
Mary Robison, l'auteur de trois recueils de nouvelles et d'un roman, est l'un des jeunes écrivains américains dont la modernité déroute le plus. Minimaliste? Hyperréaliste? Intimiste? On a tenté de la faire entrer dans les catégories en vogue ; elle continue pourtant à échapper aux classifications. Simplicité, subtilité, complicité la décrivent mieux que toute étiquette d'école. Traduite aujourd'hui en français pour la première fois, elle nous livre dans ce recueil, le deuxième, sa perception bien particulière des rapports humains et des capricieux
méandres qu'ils empruntent. Ces récits fins et ironiques révèlent une observatrice d'une originalité presque subversive.