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Un très grand amour de Franz-Olivier Giesbert. Entretien

Rencontre avec Franz-Olivier Giesbert, à l'occasion de la parution d'Un très grand amour en janvier 2010.

Avez-vous écrit un roman sur l’amour, ou plutôt un roman sur le cancer ?

Franz-Olivier Giesbert — Au départ, je voulais écrire une histoire d’amour. Une passion, pour être plus précis. Elle tombe sur la tête d’un type d’une cinquantaine d’années, elle le transforme, elle le transfigure. Jusqu’à ce que la maladie vienne tout changer. Julien Green disait qu’il écrivait ses romans pour savoir ce qu’il y avait dedans. Moi aussi. Mais contrairement à lui, une fois qu’ils sont achevés je ne sais toujours pas ce qu’il y a dedans. Je crois que l’on peut faire plusieurs lectures de ce livre.

Quelle est la part autobiographique ?

Franz-Olivier Giesbert — Je suis très clair dans la présentation : ce n’est pas un récit, c’est un roman. Donc, tout est vrai et tout est faux, sauf l’amour, le cancer et moi-même. Ce serait mentir de dire que je ne me reconnais pas dans le personnage d’Antoine Bradsock, le narrateur.

Pensez-vous que l’amour, ou le désamour, se fondent surtout sur une attraction, ou une répulsion ?

Franz-Olivier Giesbert — Je ne suis pas un théoricien de l’amour. Je me contente de le raconter, de le faire vivre ou revivre. Je ne pourrais pas vivre sans amour, au sens large. Comme Antoine Bradsock et comme la plupart des humains, je suis une machine à aimer. Dans mon cas et dans le sien, souvent trop et sans discernement. J’ai toujours fait mienne la phrase d’Albert Camus : «Je ne connais qu’un seul devoir, et c’est celui d’aimer.»

Vous écrivez «Je n’ai rien fait de ma vie et, de plus, je l’ai mal fait». N’est-ce pas, au fond, un résumé de la condition humaine ?

Franz-Olivier Giesbert — Pas pour tout le monde. Comme moi, Antoine Bradsock est à l’heure des bilans. Et, croyez-moi, il en est de plus fameux...

Vous semblez prendre un grand plaisir d’écriture à établir des listes – comme une discographie pour des obsèques – ou à glisser des mots rares – comme «se ramentevoir» ou «fruition»…

Franz-Olivier Giesbert — La liste de titres à jouer pour des obsèques sans fleurs ni couronnes ni discours, c’est un vieux fantasme personnel. Quant aux mots rares, ce sont des mots de vieux français que j’essaie d’exhumer et que j’utilise de livre en livre.

© Éditions Gallimard