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Jours de pouvoir de Bruno Le Maire. Entretien

Les « jours de pouvoir », ce sont ceux de 2010 à 2012, au cours desquels Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture, a exercé de hautes responsabilités au sein du gouvernement Fillon et vu travailler de près le Président Nicolas Sarkozy. De cette expérience il a tiré un grand livre d’écrivain, habité par le sens de l’histoire, des situations et des personnages, en même temps qu’un témoignage audacieux et vrai. Ce livre met le pouvoir politique à nu comme jamais.
Ainsi se dessine au fil des pages un portrait saisissant de Nicolas Sarkozy, qui le révèle sous un jour inconnu du grand public et nous montre les limites de ses fonctions de Président. Car plus l’échéance des élections de mai 2012 approche, plus l’auteur nous éclaire sur ce que peut réellement le pouvoir politique en France et au niveau international. Pour Bruno Le Maire ce sont toutes ces vérités et tous ces défis qui seront au cœur de l’action d’un futur grand chef d’État. 

Les « jours de pouvoir » du titre s’étendent d’octobre 2010 à mai 2012. Quelles ont été selon vous les lignes de force de cette période ?

C’est une période d’une très grande intensité politique nationale et internationale : après le remaniement de l’automne 2010, la crise s’accélère, la zone euro entre dans une zone de turbulences, la majorité de l’époque commence à douter de la victoire. Pendant l’année 2011 se déroule aussi la négociation du G20, qui met au jour les nouveaux rapports de forces mondiaux. Enfin 2012, c’est la campagne présidentielle, le projet, la définition de la stratégie, la défaite de Nicolas Sarkozy.

Vous faites un portrait « in vivo » de Nicolas Sarkozy. Portez-vous sur sa stratégie, sa campagne et sa défaite un regard d’homme politique, ou un regard d’homme tout court ?

Les deux naturellement ! Je suis un écrivain et un responsable politique, j’assume cette singularité. La politique est pour moi une aventure humaine, où les stratégies les plus confidentielles trouvent à un moment donné une incarnation publique et une voix singulière. Raison pour laquelle j’ai beaucoup travaillé sur le rythme et la sonorité du langage de Nicolas Sarkozy, qui sont uniques. Je crois dans la politique et je crois dans la littérature. La politique a besoin de la littérature pour porter un rêve. Et la littérature peut trouver dans la politique une tension, un ressort dramatique, une compréhension sans pareille des ressorts humains.

Jusqu’où la connaissance du monde agricole actuel peut-elle servir à mieux comprendre la France dans sa globalité ?

Le monde agricole me sert de fil conducteur dans le livre, parce qu’il est est un des visages les plus marquants de notre pays. Il façonne la France, il lui donne sa singularité, son ordre. La présence constante des paysages dans le livre est un hommage au travail des paysans. Le monde agricole permet également de comprendre les enjeux européens de manière très concrète, et les batailles à livrer pour soutenir nos producteurs, qui disparaissent parfois en silence.

Vous racontez également votre vie quotidienne en tant que ministre. À la lumière de votre expérience, quels « conseils à un jeune ministre » auriez-vous envie de donner ?

Je ne donne pas de conseil ! Simplement, il est toujours bon de garder au fond de soi la fierté de servir la France, même dans les moments difficiles.

Au-delà des perspectives littéraires et politiques, ce qui vous anime n’est-il pas avant tout une volonté de vérité ?

Oui. La politique souffre de cet éloignement de la vérité. Elle risque de devenir une narration sans objet, un discours détaché de la réalité, qui ne satisfait personne. Mon livre défend une pratique nouvelle de la politique. Mais il veut surtout donner accès à la vérité nue du pouvoir : les citoyens y ont droit.

Entretien réalisé à l’occasion de la parution de Jours de pouvoir, en janvier 2013.

© Éditions Gallimard