Retour aux documents
  • Imprimer

Octavio Paz (1914-1998)

Octavio Paz fut à la fois diplomate, homme de revues, éditeur, essayiste et poète — « c’était comme si Nerval ou Hölderlin écrivaient des livres dignes de Tocqueville et de Marx », disait de lui Claude Roy.  Son œuvre a été influencée tant par les traditions et la culture de son pays natal que par ses voyages ou par les événements et phénomènes politiques, sociaux et culturels qui ont façonné le XXe siècle.

« Peu de poèmes paraissent portés comme celui-là par un souffle naturel [...] : il suffit de se laisser porter par le chant, d’image en image, de thème en thème, d’en savourer les développements, les reprises, les modulations surtout ; de se laisser ravir par le chatoiement du langage, et toucher par un ton, tour à tour heureux et grave, pressant et serein. Il est des poésies qui appellent le commentaire et en tirent profit ; celle-ci, comme naguère celle de Supervielle qui en est pourtant fort différente, m’en ôte le goût. Je le répète, parce qu’elle semble couler de source : c’est vraiment le lieu de le dire. » Philippe Jaccottet, à propos de Pierre de soleil d'Octavio Paz, 1962.

Octavio Paz. Photo Jacques Robert © Éditions Gallimard

Octavio Paz par Jacques Robert

Octavio Paz est né à Mexico en 1914. Lecteur passionné, il se consacre rapidement à la poésie. Devenu un étudiant engagé politiquement et socialement, il fonde avec José Bosch l'UEPOC (« union des étudiants pour les ouvriers et les paysans ») en 1930 et participe en 1937 au IIe Congrès international des écrivains antifascistes à Valence, où il se lie avec Pablo Neruda, Luis Buñuel et Vicente Huidobro. C’est aux aux États-Unis qu’il découvre à partir de 1943 la littérature moderne anglo-saxonne qui marquera son œuvre poétique. Il lit alors Eliot, Pound, Williams, Cummings, Dos Passos, Hemingway, Yeats…  Entré dans le corps diplomatique de son pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Octavio Paz séjourne en Europe, en Inde et au Japon. En 1949 paraît à Mexico son premier grand recueil poétique à compte d’auteur, Libertad bajo palabra (Liberté sur parole) puis, en 1950, son essai fondateur sur la mexicanité, El laberinto de la soledad (Le Labyrinthe de la solitude).

Octavio Paz, Pierre de soleil, Gallimard, 1962 (« Du Monde entier »)

Pierre de soleil, dans
« Du Monde entier »,
1962.

De retour dans son pays natal, il devient directeur général des Organismes internationaux en 1956. Il publie un nouveau recueil, El arco y la lira (L’Arc et la lyre) et son unique pièce de théâtre, La hija de Rappaccini (La Fille de Rappaccini). La NRF,  qui en donne une traduction d’André Pieyre de Mandiargues dans sa livraison d’août 1959, signale quatre mois après la parution en français, chez Fayard, du Labyrinthe de la Solitude. En poste à Paris en 1959, Octavio Paz fréquente André Breton et les Surréalistes, rencontrés au cours d’un précédent séjour dans la capitale entre 1945 et 1951.

En 1962, Gallimard — qui deviendra son principal éditeur en France — publie Pierre de soleil (Piedra del sol). Ce long poème, traduit par Benjamin Péret, contribue à établir la réputation internationale d’Octavio Paz. Il est nommé la même année ambassadeur du Mexique en Inde ; il y recevra, entre autres, Henri Michaux, André Malraux et Julio Cortázar. Il se rend dès cette époque aux grandes rencontres internationales de poésie où il rencontre notamment Allen Ginsberg, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet. Il démissionne de ses fonctions d’ambassadeur en 1968, après le massacre des étudiants à Tlatelolco pendant les Jeux Olympiques de Mexico, et se consacre entièrement à l’écriture.

L’œuvre poétique d’Octavio Paz a été publiée en volumes : Libertad bajo palabra 1935-1957 dans une nouvelle édition augmentée en 1960 (Liberté sur parole), Salamandra 1958-1961 en 1962 et Ladera este 1962-1968 en 1969 (ces deux recueils réunis en français en 1980 sous le titre D’un mot à l’autre), auxquels s’ajoutent notamment le long poème autobiographique Pasado en claro en 1975 (Mise au  net) et Arbol adentro en 1987 (L’Arbre parle). En 1969, il écrit avec le Français Jacques Roubaud, l’Italien Edouardo Sanguineti et l’Anglais Charles Tomlinson, un poème inspiré des compositions collectives japonaises, Renga, dédié à André Breton récemment disparu et préfacé par Claude Roy

Octavio Paz, Point de convergence, Gallimard, 1976, 2013 (« NRF essais »)

Point de convergence,
nouvelle édition en
2013 dans la collection
« NRF essais ».

Parallèlement, Octavio Paz publie de nombreux essais dans lesquels il explore tour à tour la nature et la fonction de la poésie (L’Arc et la lyre, Point de convergence),
l’art et l’histoire (Rire et Pénitence), les religions et les philosophies comparées (Conjonction et disjonction), l’amour (La Flamme double), le langage et la littérature (La Fleur saxifrage). La collection « Les Essais» chez Gallimard réunit sous le titre Deux transparents en 1970 les essais que Paz consacra à Claude Lévi-Strauss et Marcel Duchamp. Suivra en 1973 une nouvelle étude dédiée au peintre, Apariencia desnuda : la obra de Marcel Duchamp,  (Marcel Duchamp : l’Apparence mise à nu, 1977) où il explore les fondements de l’art moderne.

Affiche de librairie pour les Œuvres d'Octavio Paz dans la « Pléiade », 2008. Archives Éditions Gallimard

Affiche de librairie pour
les Œuvres de Paz en
« Pléiade ».

Dans les années 1970, Paz voyage, donne des cycles de conférence et enseigne principalement au département de littérature comparée de Harvard. À nouveau installé à Mexico en 1975, il y accueille de nombreux amis, parmi lesquels les écrivains Julio Cortázar, Mario Vargas Llosa et Carlos Fuentes. Homme de revues, Octavio Paz fonde en 1976 Vuelta, un mensuel de littérature et de débat qui restera longtemps le plus dynamique du monde hispanique.
Tandis que sa santé se dégrade au début des années 1980, il achève une somme consacrée à la religieuse et poétesse mexicaine Sor Juana Inés de la Cruz, publiée en 1982 à Barcelone puis en 1987 en France. Parmi de nombreuses distinctions, Octavio Paz a reçu le prix Cervantès à Madrid en 1981 et, en 1990, le prix Nobel de littérature pour son œuvre « ouverte sur des vastes horizons, empreinte de sensuelle intelligence et d’humanisme intègre ». À Hector Bianciotti qui lui disait sa satisfaction de le voir prochainement entrer dans la Pléiade, il répondit : « Bon. La “Pléiade” c'est mieux après la mort, ne croyez-vous pas ?... C'est par superstition que je dis cela. » Octavio Paz s'est éteint à Mexico en 1998.

Indications bibliographiques

› Œuvres d'Octavio Paz aux Éditions Gallimard

Sur le site

› Les lettres mexicaines à la NRF

© Éditions Gallimard