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Jacques Le Goff (1924-2014)

Pionnier dans le domaine de l’anthropologie historique et de l’histoire des mentalités, le médiéviste Jacques Le Goff a notamment publié, chez Gallimard, Pour un autre Moyen Âge, La Naissance du Purgatoire, L’Imaginaire médiéval, Histoire et mémoire, Saint Louis et Saint François d'Assise. Il est resté fidèle à l’idée d’une histoire totale, dans la tradition de l’École des Annales dont il codirigea la revue.

Jacques Le Goff. Photo Jacques Sassier © Éditions Gallimard

Jacques Le Goff en 1996.

Jacques Le Goff est né en 1924. Agrégé d’histoire, il a été élève à l’École normale supérieure et membre de l’École française de Rome. Il a étudié aux universités de Prague et d’Oxford (Lincoln College). Sa carrière s’est déroulée à la Faculté des lettres et sciences humaines de Lille, au CNRS et à la VIe Section de l’École pratique des hautes études (devenue École des hautes études en sciences sociales en 1975) dont il fut président, après Fernand Braudel, de 1972 à 1977. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, traduits en plusieurs langues, parmi lesquels Les Intellectuels au Moyen Âge (Seuil, 1957), La Civilisation de l’Occident médiéval (Arthaud, 1964), La Bourse et la Vie (Hachette, 1986), L’Europe est-elle née au Moyen Âge ? (Seuil, 2003), Le Dieu du Moyen Âge (Bayard, 2003), Héros et merveilles du Moyen Âge (Seuil, 2005), Le Moyen Âge et l’Argent (Perrin, 2010), et chez Gallimard, notamment, Pour un autre Moyen Âge (1977), La Naissance du Purgatoire (1981), L’Imaginaire médiéval (1985), Histoire et mémoire (1988).

Dans la tradition de l’École des Annales — il fut codirecteur de la revue —, il est resté fidèle à l’idée d’une histoire totale. Pionnier dans le domaine de l’anthropologie historique et de l’histoire des mentalités, il s’est intéressé à la méthodologie historique et a dirigé avec Pierre Nora, dans la « Bibliothèque des histoires », les trois volumes de Faire de l’histoire (Gallimard, 1974) et, avec Roger Chartier et Jacques Revel, La Nouvelle Histoire (Retz, 1978).

Jacques Le Goff, Un autre Moyen Âge, Gallimard, 1999 (« Quarto »)

Un autre Moyen Âge
en « Quarto ».

Jacques Le Goff a présidé, de 1983 à 1985, la Commission nationale pour la rénovation de l’enseignement de l’histoire et de la géographie. À partir de 1968, il a animé l’émission « Les lundis de l’histoire » sur France Culture (prix Diderot-Universalis, 1986). Il a reçu le Grand Prix national d’Histoire en 1987, la Médaille d’or du CNRS en 1991, et a été promu au grade de Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 1997. Il a publié, dans les années quatre-vingt-dix, deux « vies » : Saint Louis en 1996 et Saint François d'Assise en 1999. Jacques Le Goff s’est éteint le 1er avril 2014. Ses travaux sur l’Occident médiéval ont été en partie réunis dans deux volumes de la collection « Quarto », Un autre Moyen Âge paru en 1999 et, en 2004, Héros du Moyen Âge, le Saint et le Roi.

« Un long Moyen Âge »

Mes enquêtes sur la culture « populaire », les rêves, les mentalités, les attitudes à l'égard du travail et du temps m'ont persuadé qu'il a existé un long Moyen Âge, de l'Antiquité tardive à la révolution industrielle au XIXe siècle, à l'intérieur duquel des tournants importants (autour de l'an mil, vers 1200, autour de 1500, vers 1680) demeurent des inflexions secondaires que l'on peut appeler « essor de l'Occident », « descente des valeurs du ciel sur la terre », « mondialisation de l'histoire », « naissance de l'idée de progrès». Il me semble en particulier que le concept de Renaissance, trop limité au domaine littéraire et artistique, trop hypnotisé par une Italie où la Renaissance, si Renaissance il y a eu, a commencé au moins au XIIe siècle, n'est plus pertinent même si, je le répète, autour de 1500, se produit un accès de modernité.

Pourtant je mesure la difficulté qu'il y a à bouleverser des habitudes de périodisation sanctionnées par les programmes scolaires et universitaires et l'usage commun. D'ailleurs, dix siècles du Moyen Âge suffisent à mon bonheur de chercheur. Mais je ne crois plus aux « Temps modernes ». Du même coup ma sensibilité au Moyen Âge a quelque peu évolué. J'écarte toujours aussi bien une légende noire qu'une légende dorée du Moyen Âge. Je vois toujours dans ce long Moyen Âge de l'Europe et de l'Occident une époque violente et menacée par la famine, les épidémies, les doutes, dominée par des « autorités » et des hiérarchies, où la liberté ne pointe qu'à la fin, mais je suis plus sensible à  son tonus, à sa créativité, à son inventivité, à sa prise de possession croissante de l'espace et du temps.

Jacques Le Goff, « L'appétit de l'histoire » (extrait), dans Essais d'ego-histoire, Gallimard, 1987 (« Bibliothèque des histoires »).

Indications bibliographiques

Œuvres de Jacques Le Goff aux Éditions Gallimard

En revues

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