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Collection Arcades

«Arcades» est une collection de semi-poche de textes inédits, pour la plupart dus ou consacrés à des auteurs contemporains d'origine étrangère. Il s'agit tantôt d'essais les concernant, tantôt de leurs propres écrits considérés comme inclassables ou à la marge de leur œuvre principale (pamphlet, journal, poésie…). Aussi y trouvera-t-on des œuvres de fiction, mais aussi des études ou des documents relevant aussi bien de l'histoire et de la critique littéraires (entretien, réunion d'articles, correspondances), que de l'histoire générale des cultures et des sociétés. Mais ce sont peut-être les œuvres de la plus stricte singularité qui ont apporté à « Arcades » sa reconnaissance en librairie, à commencer par les aphorismes de Cioran et les «essais» de Peter Handke.
Des essais d'Octavio Paz ou de Primo Lévi à ceux d'Erri De Luca ou d'Arundhaty Roy, «Arcades» se caractérise autant par l'amplitude et l'actualité de ses vues que par la permanence de certaines de ses préoccupations ; là, on retrouve la marque de son fondateur.

Création : mars 1985
Nombre de titres parus : 111
Nombre d'auteurs édités : 72
Ventes depuis parution : 606 450 ex.
Meilleure vente : Cioran. Aveux et anathèmes (1987) : 55 770 ex.

Le premier titre :
Yukio Mishima. Le Japon moderne et l'éthique samouraï (mars 1985)

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« J.-F.D. : Le fait de publier, c'est faire entrer l'autre en jeu ?
Cioran : Mais on ne pense pas à l'autre. Quand on écrit, on ne pense à personne. Quand on écrit ce que j'écris. Pour moi, l'humanité n'existe pas quand j'écris. Je m'en fous. Et quand on publie, on ne pense pas qu'on sera lu. Mais absolument pas ! C'est même incroyable à quel point je suis absolument étonné quand quelqu'un m'a lu. » (Cioran. « Entretien avec Jean-François Duval », dans Entretiens, Gallimard, 1995)

D'hier à aujourd'hui

La composition du catalogue d'« Arcades » est en effet étroitement liée à la personnalité de François Erval (1914-1999), de son vrai nom François Emmanuel, qui en eut la charge quinze années durant. Cet intellectuel d'origine hongroise, très tôt installé à Paris, collabora à de nombreux journaux (Libertés, Combat, L'Express puis La Quinzaine littéraire) et œuvra dans les années d'après-guerre auprès de plusieurs maisons d'édition (il publia Sartre et Edgar Morin chez Nagel, Sarraute chez Robert Marin…).
« Il était un de ces intellectuels peu connus du public, mais dont l'influence sur le goût littéraire et les idées est importante » note à juste titre Roger Grenier. Pour preuve : la collection « Idées » qu'il crée chez Gallimard en 1962, première collection de poche dédiée aux sciences humaines. Une date dans l'édition française ; étudiants, chercheurs et lecteurs éclairés en feront un grand succès de librairie, applaudissant à cette manière nouvelle de rendre plus accessible les savoirs. Erval y réunira aussi bien les grands textes du fonds Gallimard (Alain, Freud, Camus…) que des recueils collectifs ou des essais inédits, ressortissant à toutes les disciplines. Traducteur, lecteur avide et de grande culture, Erval fut bientôt chargé par Gallimard du domaine germanique ; il fit découvrir au public français l'œuvre de Thomas Bernhard.
Il y eut une époque pour « Idées » ; il y en eut une autre pour « Folio Essais », créé en janvier 1985 par Antoine Gallimard. Le paysage universitaire avait changé, l'économie du poche également. Il fallait désormais que « Folio » prenne le relais en consacrant l'une de ses séries aux sciences humaines. François Erval imagina donc « Arcades », où il pourrait prolonger une partie du travail qui avait été le sien pour les inédits d'« Idées ». Car, contrairement à « Tel », la collection de semi-poche créée dix ans plus tôt pour la reprise de textes de référence, « Arcades » ne publierait que des inédits, principalement en traduction.

En ce sens, « Arcades » serait une bonne alternative aux collections de littératures étrangères de la NRF qui, elles, privilégient les œuvres d'imagination — sans exclusive cependant. Aussi « Arcades » accueillera-t-elle régulièrement des essais d'auteurs reconnus du fonds Gallimard : Borges, Calasso, Carpentier, Faulkner, Fuentes, Pavese, Paz, B. Strauss, Vargas Llosa et, plus récemment, Erri De Luca ou Arundhati Roy. Peter Handke, dont Erval avait été l'un des premiers lecteurs français, était lui-même publié depuis 1969 dans « Du Monde entier » ; Cioran, depuis 1949 dans les « Essais » (la reprise de ses textes en « Idées » dans les années soixante ayant été, de son aveu même, le point de départ de sa grande notoriété).
De fait, les trois quarts des textes aujourd'hui rassemblés dans « Arcades » sont des traductions, avec une nette prédominance des écrits allemands, espagnols et anglais, et dans une moindre mesure italiens, russes et roumains. On ne s'étonnera pas de voir les intellectuels russes, « mitteleuropéens » et germaniques si largement représentés (Brandys, Cioran, Eliade, Esterházy, Handke, Walzer… ; textes retrouvés de Kafka, Mandelstam, Mann, Rilke… ; études sur Ionesco, Gombrowicz, Kundera…) ; c'est la marque et l'héritage d'un éditeur singulier. Son « orientation ».
Aujourd'hui, « Arcades » est dirigée par Jean Mattern, en charge des traductions à la NRF.

Brèves

  • Le Monde des livres annonçait le 18 janvier 1985 l'abandon d'«Idées» et le lancement de « Folio Essais ». On apprenait dans le même entrefilet que François Erval s'apprêtait à lancer une nouvelle collection nommée « Domino ». Tel fut donc le premier nom d'« Arcades ».
  • Les premiers habits de la collection avaient été dessinés par Janine Fricker. Mais en 2001, avec les Histoires d'en rire de Michael Handelzalts (n° 68), « Arcades » inaugure une nouvelle maquette de couverture ; si le fond blanc demeure, les mentions d'auteur et de titre sont désormais alignées à gauche et le bandeau graphique en pied de page fait place à de vifs traits de plume.
  • À chaque auteur, son traducteur attitré : Albert Bensoussan pour Vargas Llosa, Jean-Claude Masson pour Octavio Paz, Jean-Noël Schifano pour Elsa Morante, Georges-Arthur Goldschmidt pour Peter Handke, Alain Paruit pour Mircea Eliade...
  • Continuité : Erval fut l'éditeur de Cioran et Eliade. Rien d'étonnant dès lors à ce que le bel essai consacré par Marie-France Ionesco à l'œuvre de son père, leur ami et compatriote, ait été publié dans « Arcades » en 2004. Il y avait sa place.
  • « Arcades » a donné en 1993 un texte de l'essayiste George Steiner, lequel est aujourd'hui publié principalement dans « NRF Essais » ; mais il s'agit d'un roman, dont le protagoniste est un correcteur : Épreuves.

La critique littéraire en « Arcades »
 

L'Alphabet du feu de Silvia Baron Supervielle – Neuf essais sur Dante et L'Art de la poésie de Jorge Luis Borges – Essais littéraires d'Alejo Carpentier – Le Monde romanesque de Milan Kundera de Kvetoslav Chvatik – Nabokov ou La tentation française de Maurice Couturier – Géographie du roman de Carlos Fuentes – Portrait de l'écrivain dans le siècle : Eugène Ionesco (1909-1984) de Marie-France Ionesco – Witold Gombrowicz et le monde de sa jeunesse de Tadeusz Kepinski

De la poésie d'Ossip Mandelstam – Littérature et fantôme de Javier Marías – Julien Green de Wolfgang Matz – Littérature et société de Cesare Pavese – Le romancier naïf et le romancier sentimental d'Orhan Pamuk – L'Autre voix. Poésie et fin de siècle et Un au-delà érotique : le marquis de Sade d'Octavio Paz – Mallarmé de Jean-Paul Sartre – Lectures de Georges Steiner – En selle avec Tirant le blanc, La Vérité par le mensonge, La Tentation de l'impossible et Voyage vers la fiction de Mario Vargas Llosa…

Documents littéraires en « Arcades »

Correspondance avec Boris Pasternak de Varlam Chalamov – Entretiens de Cioran – Lettres à sa mère de William Faulkner – Conversations avec Truman Capote de Lawrence Grobel – Entretiens avec Ernst Jünger de Julien Hervier – Lettres à ses parents et Les Aphorismes de Zürau de Franz Kafka – Être écrivain allemand à notre époque de Thomas Mann

Entretiens à la radio avec Robert Mallet de Jean Paulhan – Lettres à une amie vénitienne de Rainer Maria Rilke – Mes années d'intimité avec Dostoïevski d'Apollinaria Souslova...

Parmi les préfaciers...

Hector Bianciotti pour Neuf essais sur Dante et L'Art de la poésie de Jorge Luis Borges – Carmen Vásquez pour Essais littéraires d'Alejo Carpentier - Jacques Delors pour L'Europe une de Jean-Pierre Faye

Pietro Citati pour Lettres à ses parents de Franz Kafka – Jorge Semprun pour À une heure incertaine de Primo Levi…

Informations commerciales

Format : 125 x 190 mm.
Nombre de titres disponibles : 105
Nombre de nouveautés dans l’année : 3
Prix de vente moyen : 14,40 €
Les 5 meilleures ventes du fonds :
Cioran. Aveux et anathèmes (1987)
Primo Levi. Les Naufragés et les rescapés (1989)
Yukio Mishima. Le Japon moderne et l'éthique samouraï (1985)
Cioran. Exercices d'admiration (1986)
Peter Handke. Essai sur la fatigue (1991)

Les données concernant les ventes, les prix publics (TTC) et les réimpressions sont représentatives des quatre dernières années.
Mise à jour : janvier 2016
© Éditions Gallimard