Page précédente
  • Imprimer

Jules Supervielle (1884-1960)

Poète, conteur et auteur dramatique, Jules Supervielle est né à Montevideo en 1884. Grand voyageur, il fait partie de la famille des écrivains cosmopolites et itinérants de la NRF, au sein de laquelle il noua de nombreuses amitiés littéraires.

Œuvres de Jules Supervielle aux Éditions Gallimard

« Admirablement faits pour exprimer cette chose étrange, la Vie, veilleuse de miracle qui fait voir d'autres miracles, sont ses poèmes lents mais à grandes enjambées, colorés mais gris aussi d'un grand passage d'ombres, musicaux mais étouffés, d'une houle profonde, naissants et chavirés, tâtonnant dans l'ombre du Savoir avec les images de la Poésie. » Henri Michaux, « Supervielle », 1935

Jules Supervielle. Photo Roger Parry © Éditions Gallimard

Jules Supervielle
par Roger Parry.

Jules Supervielle est né à Montevideo en Uruguay le 16 janvier 1884, de parents français. Quelques mois plus tard, la famille Supervielle revient en France passer des vacances qui se révèlent tragiques : le père et la mère meurent en l’espace d’une semaine, probablement empoisonnés par de l’eau. Le petit Jules retourne en Uruguay avec son oncle et coule une enfance heureuse, entouré de ses cousins. À l’âge de dix ans, on l’envoie au lycée à Paris. Il commence à écrire des poèmes (Brumes du passé, 1900), fait son service militaire dont il gardera un très mauvais souvenir, étudie les langues et prépare, sans enthousiasme, une thèse. À vingt-trois ans, il épouse Pilar Saavedra en Uruguay où ils vivent jusqu’en 1909.
En 1910, Jules Supervielle publie Comme des voiliers. Mobilisé en 1914, il passe la guerre au Deuxième Bureau dans la section du contrôle postal. En 1919, il fait tirer en édition de luxe Poèmes de l’humour triste ; Valéry s’y intéresse ainsi que Gide qui signale Supervielle au directeur de La NRF : Jacques Rivière donnera trois de ses poèmes dans le numéro d’avril 1920 de la revue, à laquelle le poète demeurera fidèle par la suite.

Mot d’André Gide à Jacques Rivière sur une carte de visite de Jules Supervielle, mai ou juin 1919. Archives Éditions Gallimard

Mot d’André Gide à Jacques Rivière sur une carte
de visite de Jules Supervielle, mai ou juin 1919 :
« Cher ami / Le type dont voici la carte m’envoie
un volume de vers, dont nombre de pièces sont
remarquables… À surveiller pour la NRF. »

Recueils de poésie et romans se succèdent : Débarcadères en 1922 aux Éditions de la Revue de l'Amérique latine, qui enthousiasme Max Jacob ; puis, aux Éditions de la NRF, L’Homme de la pampa en 1923, Gravitations en 1925, dédié à Valery Larbaud, Le Voleur d’enfants en 1926, Le Survivant en 1928 et L’Enfant de la haute mer en 1931...
Au cours de ces années, il se lie d’amitié avec le groupe et les familiers de la NRF (dont Valery Larbaud, Paul Claudel, Max Jacob et Henri Michaux qu’il avait accueilli à Paris en 1923), et avec Jean Paulhan en particulier. Il sollicitera l’avis de ce dernier sur chacun de ses écrits à partir de 1927.

Jules Supervielle, Saisir, Gallimard, 1928 (« Une Œuvre, un portrait »). Page de titre. Archives Éditions Gallimard

Page de titre du recueil de poèmes
Saisir, dans la collection
« Une Œuvre, un portrait », 1928.

Supervielle est aussi homme de théâtre (La Belle au bois en 1932, une adaptation de Comme il vous plaira en 1935, Bolivar en 1936) et conteur (L’Arche de Noé, 1938).
En 1936, il accompagne Henri Michaux en Amérique du Sud où il séjourne régulièrement. La revue uruguayenne La Cruz del Sur lui avait consacré en décembre 1930 un numéro d’hommage ; lui-même participe activement aux échanges entre les lettres hispano-américaines et françaises, en tant que  membre du « comité étranger » de la revue argentine Sur, au rayonnement de laquelle il œuvrera en France. Il avait rencontré sa fondatrice, l’éditrice Victoria Ocampo, en 1924, et avait fait la même année la connaissance de Ricardo Güiraldàs, duquel il préfacera le roman Don Segundo Sombra.
Lorsque la Seconde Guerre éclate, Supervielle se trouve à Montevideo et y reste jusqu’en 1946. Il continue à écrire et à publier, notamment dans la revue Lettres françaises dirigée par Roger Caillois à Buenos Aires.
Après la guerre, ayant des problèmes d’argent, Supervielle obtient d’être nommé attaché culturel honoraire à l’ambassade d’Uruguay à Paris, avec traitement et indemnités de résidence. Il continue de publier des recueils de poèmes (Oublieuse mémoire en 1949, pour lequel le prix des Critiques lui est décerné ; L’Escalier en 1956 ; Le Corps tragique en 1959), ainsi que des contes (Premiers pas de l’univers, 1950), un récit (Le Jeune Homme du dimanche et des autres jours, 1952) et un recueil de mémoires (Boire à la source, 1951). Ses pièces sont créées par Jean Vilar (Shéhérazade en 1948 à Avignon), Raymond Rouleau (Le Voleur d’enfants, 1949), Jean-Louis Barrault (Les Suites d’une course, 1956)… En 1955, l’Académie française lui décerne le Grand prix de la littérature. La mauvaise santé de Jules Supervielle donne une résonance nouvelle à ses œuvres. Il meurt le 17 mai 1960.

Indications bibliographiques

Œuvres de Jules Supervielle aux Éditions Gallimard

  • Étiemble, Supervielle , Gallimard, 1968 (« Pour une bibliothèque idéale »)
  • Étiemble, « L'évolution de la poétique chez Supervielle entre 1922 et 1934 », Les Temps modernes n° 59 , septembre 1950
  • Hommage à Supervielle, La NRF n° 20 , août 1954
  • Hommage à Jules Supervielle, La NRF n° 94 , octobre 1960

© Éditions Gallimard