Première parution en 1964
Cette jeunesse née pour l'action, mais aujourd'hui parquée, contrainte à bûcher indéfiniment dans des écoles, cette jeunesse bouillante, sans autre exutoire que le sexe... et qui agira de façon désordonnée, parfois fatale – réseaux d'assistance au FLN, jeunes plastiqueurs, blousons noirs – à cette jeunesse-là sont dédiés Les Mousquetaires de la République.
La Provence des oliviers, des mas croulants et des touristes incongrus. Quatre gars en vacances. Une injustice hurlante commise par les adultes. Les jeunes la répareront. Du moins le croient-ils.
Ils se sont donné, par plaisanterie, les surnoms des mousquetaires auxquels ils ressemblent, mais par certains côtés seulement : autre époque, autres tempéraments. Athos, le hobereau catholique, chemine sur la crête étroite qui sépare le mépris de la charité. Aramis, fils d'une veuve fortunée, est l'adepte des jolies filles et des belles voitures. Porthos, petit bourgeois mais grand costaud rougissant, précipite dans des alexandrins romantiques tous les tourments de sa puberté. D'Artagnan rêve de plaies et de bosses ; il est le fils naturel d'une femme de ménage, il deviendra un jour un chef de guerre hors classe ou un bandit hors ligne.
Deux jeunes filles les inspirent, les agacent, les suivent, les guident parfois ; Claire, sœur sculpturale d'Athos ; Civette, la petite stoppeuse. Tout les séparait : elles deviendront compagnes parce que complices.
Mousquetaires sans cardinal et sans reine, mousquetaires sans ferrets, mousquetaires à qui l'on a pris toutes les causes mais non pas le courage de les servir, les Mousquetaires de la République entreront, impitoyables et purs, dans l'irréversible réaction en chaîne de la violence.