Dans la glace derrière le bar j'ai vu une femme franchir la porte. Elle souriait, les yeux rivés sur mon dos. Elle a cherché mon regard dans la glace et son sourire s'est élargi. Elle s'est assise à côté de moi, sur le tabouret. Elle a posé le coude sur le bar et m'a dit : «C'est vous, n'est-ce pas ?»
On sait qu'il est parfois plus facile de se confier à un parfait étranger plutôt qu'à un proche. Dans les dix-sept brèves nouvelles qui composent Ils étaient tous à mon mariage, des femmes parlent, quelques hommes aussi, à tour de rôle, qui se dévoilent, se racontent, avec parfois une impudeur totale. On assiste à dix-sept instants de vie, fugaces, impalpables, où quelque chose va basculer - mais c'est le lecteur qui le comprend, beaucoup plus que celui ou celle à qui ce quelque chose arrive. Les personnages qui vont défiler devant nous n'hésitent pas, ils disent tout, la solitude, la peur des autres, la volonté de réussir, l'obsession d'être accepté et aimé... ainsi que le désir, le sexe sous-jacents.