«Ce livre, sous une forme simple et pittoresque, nous donne une idée très claire de la vie et de l'œuvre du "père de la chirurgie". Ce récit s'anime à chaque instant d'anecdotes pleines d'intérêt, d'aperçus sur les événements de l'Histoire auxquels fut mêlé Ambroise Paré, comme cette terrible nuit de la Saint-Barthélemy, pendant laquelle il se trouvait auprès de Coligny. Des citations nombreuses, des extraits et même des poésies dont notre héros parsemait ses œuvres ajoutent à chaque instant à la vie et au mouvement de ces pages.
Ambroise Paré fut un révolutionnaire. À cette époque où, malgré les efforts d'un Mondeville et d'un Guy de Chauliac, les médecins vivaient encore sous le joug d'une tradition qu'entretenaient pieusement les hommes de la Faculté – ou ce qui en tenait lieu –, où les idées d'Hippocrate, d'Aristote et de Galien étaient encore acceptées avec une sorte d'aveuglement, cet homme, à cause même de son ignorance première et de sa culture rudimentaire, livré aux seules ressources de son bon sens et d'un génie qui s'ignorait lui-même, ne se laissa guider que par l'observation. Certes, il fut aussi de son temps, et, comme la plupart de ceux contre lesquels il luttait avec le plus de courage, il acceptait beaucoup d'idées qui nous paraissent enfantines. Mais l'effort qu'il a fait pour s'affranchir et pour se laisser guider par la seule force de sa raison et la seule vertu de l'expérience, a fait de lui le grand rénovateur qui a créé la chirurgie véritablement scientifique.
La découverte de la ligature des artères, qui a porté son nom parmi ceux des grands hommes, n'est qu'un trait de génie dans son œuvre immense et touffue, et la résolution qu'il prit de rendre ses livres accessibles à tous en les écrivant en français – tout simplement peut-être parce qu'il ne savait pas le latin – fut un coup de hache dans l'édifice vermoulu des vieilles traditions médicales.
Ce livre, plein d'aperçus attrayants sur les hommes parmi lesquels il a vécu et les événements auxquels il a été mêlé, montre ce que fut cet homme qui, dans un siècle de crimes et de sang, sentit son âme s'ouvrir à la justice, à la bonté, à la pitié, et fut peut-être le premier à montrer que l'exercice de la chirurgie, à cette époque même où elle s'exerçait avec une brutalité que nous ne connaissons plus, est une École où se développent les plus nobles qualités humaines.
Ambroise Paré possédait à la fois la Science et la Bonté! Puisse sa grande image, qui revit dans ce livre, servir à jamais de modèle à ceux qui se sentent invinciblement entraînés sur la route qu'il a suivie et qui demeure encore baignée de la lumière qu'il a projetée sur notre art.»
J.-L. Faure.