On voit trop souvent dans le 18 Brumaire un coup d'État préparé par Bonaparte et réussi grâce à la force et à la surprise. En réalité, le plan de l'opération fixé par Sieyès ne donnait au général rentré d'Égypte qu'une place de second.
Quant au Directoire, il avait perdu consistance et autorité. Frappant violemment tantôt à droite, tantôt à gauche, usant de moyens dictatoriaux, il ne trouvait dans aucun milieu social la confiance et l'appui nécessaires.
Pour sa part, avec une alternance de désespoir et de rêve, Bonaparte s'employait activement (mais non sans prudence ni lucidité) à trouver une place au gouvernement. Dès sa campagne d'Italie, il assurait sa propagande avec des journaux et manœuvrait politiquement. Cependant, sur ce plan-là, il devait connaître des échecs.
C'est ce jeu serré qu'Albert Ollivier s'est attaché à éclairer sans préjugé, en n'omettant rien. Son livre contient des documents inédits.