«Liszt, c'est l'amour ; Chopin, la douleur ; Louis Il de Bavière, l'illusion ; Berlioz, l'homme qui se sait d'avance vaincu, mais accepte quand même la lutte ; Wagner, l'artiste penché avec inquiétude sur le monde qu'il a créé...» Voilà, définis par Guy de Pourtalès,
les génies tourmentés qui ont fait jaillir et déferler jusqu'à nous «ces musiques du cœur... les seules dont l'intelligence ne se lasse jamais». Autour de ces hautes figures apparaissent des visages célèbres : Rossini, Schumann, Meyerbeer, Mendelssohn, Bellini, Delacroix, Georges Sand, Mérimée, Musset, Hugo et ceux de maints chefs d'État, ministres, diplomates, artistes, poètes, impresarii..., – pittoresques comparses d'une époque chimérique et passionnée, «chère à tous ceux qui préfèrent la folie à la médiocrité» ; Nietzsche enfin, dans une apothéose de soleil couchant, accomplit, selon le mot de Ch. Andler, «la synthèse parfaite de l'art classique et de l'art romantique». Et voici de Varsovie à Londres, de Venise à Bayreuth, le gracieux cortège des muses et des consolatrices, cruelles ou pitoyables, douces ou ardentes, avec leurs voix et leurs regards, leurs sourires, leurs larmes, et leurs fureurs jalouses.
De cette prodigieuse tragi-comédie européenne, le pinceau véridique et brillant de Grau Sala nous restitue
les décors familiers ou somptueux, les modes et les visages, et le climat sentimental saturé d'art, de poésie et des musiques de l'avenir.
Enfin l'œuvre de Guy de Pourtalès est une œuvre d'amitié humaine. Comme il l'a proclamé : «En musique aussi, il y a une logique universelle : sans doute fera-t-elle encore beaucoup, dans cette Europe divisée, déchirée, pour l'aider à trouver la résolution de ses dissonances.» Puisse l'ouvrage que nous présentons au public favoriser les desseins de l'iIlustre écrivain, en
associant de nouveaux lecteurs – de nouveaux amis – à sa noble espérance.