L'évolution économique, qui modifie la structure de l'emploi, l'importance des catégories professionnelles et le comportement des classes sociales, vide les campagnes et grossit démesurément les agglomérations urbaines ; le genre de vie se transforme, mais quarante ans de guerre froide ou chaude n'ont pas permis aux moyens de s'adapter aux besoins ; le consommateur, éveillé par la publicité, souffre d'un sentiment de frustration. Les Français, qui ont cru trouver la solution de leurs problèmes dans le recours à l'homme providentiel, se
satisferont-ils longtemps d'une grandeur qui ignore les rides d'une existence quotidienne? Se rejetteront-ils vers quelque forme de totalitarisme, ou vers un travaillisme nécessairement empirique, dans l'état des relations internationales?
Depuis plus de cent ans, les techniciens de toute espèce, les fonctionnaires, les employés se sont multipliés ; le genre de vie s'est profondément modifié. Pourtant tout un vocabulaire a subsisté, qui rend souvent un cornpte inexact de cette évolution. Quel contenu convient-il de donner à la paupérisation? Comment s'explique la neurasthénie qui ronge le corps social français? Quels visages nous offrent aujourd'hui le patronat,
la paysannerie, le monde ouvrier? Quels rapports les différentes classes sociales entretiennent-elles, et quelle conscience en ont-elles? Et pour finir, quelles chances le régime gaulliste a-t-il de survivre dans l'actuel contexte social, quel risques court-il de devoir céder la place à tel ou tel de ses adversaires? Autant de questions auxquelles l'auteur répond sans dogmatisme et avec la prudence que posent les problèmes de l'histoire.