Registres
VI

L'École du Vieux-Colombier

Édition de Claude Sicard
Gallimard
Parution
«Inspirées par une haute pensée, les expériences de l'École du Vieux-Colombier procèdent d'un désir de retrouver la vertu fondamentale du Théâtre, qui n'est pas de divertissement mais de formation, morale autant qu'esthétique. Copeau tend à l'harmonie, à la communion dans la beauté. L'authentique n'est pas une valeur que l'on décroche, mais un idéal dont on tente de s'approcher. Le Patron ne nous a pas laissé une doctrine, une méthode que ses successeurs pourraient tenter d'appliquer ou d'adapter, mais l'exemple d'un combat qui, arraché au temps sans qu'il l'ait expressément voulu ni même pressenti, prend valeur pérenne.
Les tâtonnements de ce microcosme symbolique nous racontent au quotidien l'histoire exaltante d'un rêve : comédiens, écrivains, poètes retrouveront un jour, pense Copeau, "le vrai sens dramatique". Qu'est-ce à dire, sinon que, débarrassés des artifices et des recettes, libérés de l'ankylose confortable des habitudes, ils s'approcheront enfin de l'émotion pure, celle qui nous laboure au tréfonds comme un frisson sacré ? Toute l'ambition de Copeau a tendu à «dépouiller le vieil homme», à faire du comédien ce truchement éternellement fraternel que notre solitude appelle, capable, par la fulgurance d'un regard, d'une inflexion, d'un geste, de nous arracher à la meurtrissure de l'instant et, partant, d'alléger nos angoisses.
Paradoxe des gens de théâtre véritables : ils travaillent dans l'éphémère à traquer la permanence. C'est leur misère et leur grandeur.»
Claude Sicard.
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