La carrière de Duff Cooper a prouvé qu'il possédait un caractère peu banal. Son intelligence et sa culture prodigieuse lui donnaient une lucidité politique presque sans défaut et, même lorsqu'il était député, sa fidélité aux principes lui interdisait toute concession. C'est ainsi que, étant ministre de la Marine et comprenant le danger que courait l'Europe si l'on faisait confiance à la parole de Hitler, il s'est placé devant l'alternative de convaincre Chamberlain ou de démissionner. Après Munich, il quitta donc le Ministère avec éclat, risquant ainsi de
compromettre à tout jamais son avenir parlementaire.
Ce livre, d'un intérêt historique puissant, est d'une lecture agréable car l'auteur possède les qualités d'humour qui lui permettent parfois de traiter légèrement les sujets les plus sérieux. Il nous raconte ce que furent son enfance et son adolescence et comment ses goûts et les circonstances firent de lui successivement un diplomate, un officier pendant
la première guerre, un parlementaire, un ministre et, enfin, un ambassadeur.
Le rôle qu'il a joué dans les grands événements de son époque n'avait pas altéré son goût de la bonne chère, des bons vins, de la poésie et, surtout, la fidélité sentimentale de son amour pour son admirable épouse, Lady Diana Cooper. Ce rôle lui a permis de porter un témoignage vivant et pas toujours dénué de cruauté sur tous les hommes politiques anglais et ètrangers qu'il a quotidiennement fréquentés.
Duff Cooper, qui a représenté l'Angleterre à Alger et à Paris, s'est trouvé bien souvent déchiré entre sa loyauté pour l'Angleterre et son amour pour la France, lorsqu'il cherchait à améliorer les mauvaises relations de Winston Churchill et du général de Gaulle. Il ne rencontrait souvent de bonne volonté ni chez l'un, ni chez l'autre et, pourtant le sens de sa mission lui faisait poursuivre sa difficile entreprise. Il est, sans aucun doute, largement responsable des bonnes relations franco-anglaises qui se sont établies à cette époque et, sur ce point, le livre apporte un témoignage passionnant.