Sans équivalent parmi les artistes européens de son temps, Antoine Watteau (1684-1721) crée en une petite quinzaine d'années des tableaux que rien, dans l'évolution antérieure de la peinture française, ne pouvait laisser présager. La nouveauté radicale de ses compositions oblige les académiciens, les critiques et les amateurs à introduire, en plus des genres reconnus, une nouvelle catégorie picturale, celle de la «fête galante», qu'aucun de ses imitateurs ne saura porter au même degré d'élégance raffinée et de poésie subtile. Dessinateur incomparable, il est également doué d'un sens de la couleur hérité de Titien, Rubens et Van Dyck. Son perfectionnisme impatient se traduit par une touche nerveuse et légère, qui un siècle et demi plus tard fascinera Monet. Bien qu'il aborde les sujets les plus variés, Watteau marque sa prédilection pour le monde du théâtre et de la musique, pour les réunions de personnages élégants dans des parcs aux tonalités crépusculaires, pour l'exploration incessante de toutes les facettes du sentiment amoureux.