Première parution en 1929
Trad. de l'anglais par Jacques Hergon
Né en 1567, Robert Devereux, comte d'Essex, se trouva à neuf ans, lors de la mort de son père, l'héritier d'un nom illustre et le plus pauvre comte d'Angleterre. Après ses études qu'il fit à Cambridge et qui lui valurent le titre de Maître ès Arts, il fut général de la Cavalerie et combattit aux Pays-Bas. Après ces brillants débuts, il revint à la cour d'Elisabeth. Ses manières ouvertes, ses espiègleries, ses mots et ses regards adorateurs, sa haute taille, ses mains délicates et la couleur châtain de ses cheveux ensorcelèrent la reine. Il avait dix-neuf ans. Elisabeth en avait cinquante-trois. Dès lors favori de la reine, leur étrange liaison, coupée de querelles et de réconciliations incessantes, dura jusqu'en 1601, où le comte d'Essex fut condamné à mort pour trahison et exécuté.
L'historien anglais Lytton Strachey a magistralement évoqué, dans son récit, l'une des époques les plus riches de l'histoire et ses plus belles figures : Francis Bacon, inventeur de la philosophie moderne ; Sir Robert Cecil, fondateur d'un nouvel ordre politique ; Walter Raleigh, prophète de l'impérialisme. Shakespeare passe furtivement dans l'ombre, qui eût pu choisir pour personnages d'un de ses drames le chevaleresque
comte d'Essex, survivant d'un passé prestigieux, et la reine Elisabeth, passionnément hésitante entre ce passé si délicieusement incarné et l'avenir.