«Raymond Bellour examine l'œuvre d'Henri Michaux avec une lucidité des plus subtiles, et son examen l'éclaire d'un jour nouveau. Il nous
montre comment «ce journal intime et multiforme, étendu aux dimensions d'une vie» qu'il appelle La Nuit remue, Passages ou Connaissance par les gouffres, à travers la diversité de ses moyens, à travers toutes les expériences, les intentions, les curiosités, les formes de connaissance qu'il suppose, tend vers une unité, aussi bien celle de l'être,
appréhendé dans sa totalité, que celle du langage par lequel il se manifeste. Il s'agit avant tout avec Michaux, Bellour l'a bien vu, d'une interrogation passionnée devant cette «machine à être» qu'est l'homme, sa nature et ses possibilités. Par là même, il montre comment Michaux efface les catégories littéraires, en particulier celles de la poésie et de la prose, et confond les comportements différents que ces mots recouvrent ; comment, ainsi, il annonce peut-être «la fin de quelque chose, mais aussi l'aube d'une autre vérité» : celle d'un poète «sans privilège», parce que, ne voulant pas se limiter, il ne veut rien refuser de l'homme et du monde.»
René Bertelé.