«... Séverine n'était pas de ces petites âmes, esclaves frémissantes de la sensation, auxquelles Maurice Barrès a dédié ses ex-vota ironiques et voluptueux. Grande âme que ne contenait aucun barrage de coutume et de dIscipline! Elle représente à mes yeux ce que doit être la femme dans la cité actuelle : un trouble jeu, la négation des procédures, le rappel du simple peuple dont les besoins ne se réduisent pas aux formules des programmes. Son œuvre symbolise le rôle que devrait, que doit tenir, à ce moment de notre évolution nationale, la compagne émancipée, associée nécessaire des révolutions de durée, mainteneuse de ce qu'il faut de romanesque ou de romantisme dans chaque décision du progrès. Corinne! George Sand! fini ce règne des simili-hommes d'État, des conseillères d'État, des raisonneuses ratiocinant, en marge des réalités et des responsabilités! La femme s'achemine dans la voie des avancements égalitaires avec honneurs et risques en partage. Séverine eut, avant toutes autres (Marie-Antoinette exceptée), sa pleine ration d'outrages politiques : ici encore elle fut une douloureuse devancière.
À ceux qui redoutent que la femme devienne une moindre femme en devenant une citoyenne, l'exemple de Séverine fournit une réponse, péremptoire comme son talent, indiscutable comme sa beauté. Car elle était belle autant que bonne – et de cette même façon qui déconcerte les maléfices de l'âge, défie les brutalités de l'événement, sollicite les adorations de la foule.
Bernard Lecache, petit-fils dévotieux sur qui s'est penchée la sollicitude d'une mère-grand dont nous sommes jaloux, puissiez-vous avec ce cher livre payer à Séverine, en la révélant toute entière, la dette d'une génération!»
Anatole de Monzie.