Comme Jacques Copeau, Louis Jouvet ou Jean Vilar, Antoine Vitez était homme de langage autant que de scène. Régisseur, pédagogue, acteur, mais aussi poète et traducteur, il n'a cessé durant vingt-cinq ans d'accompagner sa pratique du théâtre d'un exercice quotidien de la réflexion écrite.
Sa disparition prématurée nous imposait donc le devoir de prolonger son œuvre interrompue en portant à la connaissance du public une anthologie de ses principaux écrits - notes, journaux, entretiens -, où se lit l'essentiel d'une pensée mobile, vigilante, toujours en alerte. Le théâtre sans doute, mais aussi l'histoire, notre temps, les idées, les livres, la tradition, l'invention : tels sont les lieux qu'explore, avec constance et continuité, l'écriture incisive de cet homme inquiet, qui ne mit cependant jamais en doute les pouvoirs du langage et l'universalité de la raison.