Clement Harcombe et son fils, Timothy, soignent les vivants par les morts, dont ils invoquent les esprits. Dans le sombre contexte des années suivant la Première Guerre mondiale, leurs pouvoirs divinatoires viennent pallier le désespoir ambiant. Pour Timothy, jeune garçon aux dons extraordinaires, et qui a perdu sa mère, il s'agit là d'une étrange mais solide éducation ; aux yeux du monde extérieur, ce serait plutôt une existence discutable sous la férule d'un parent irresponsable. Aussi soustraira-t-on l'adolescent à son cercle crépusculaire d'ombres et de fantômes pour le placer sous l'autorité rassurante de ses grands-parents, à la campagne.
Rien pourtant ne pourra faire abandonner à Timothy l'univers visionnaire dans lequel il passe le plus clair de son temps, errant librement parmi les créatures du passé, venant à la rencontre d'un autre monde, peuplé de musiciens, d'écrivains, comme William Blake ou Daniel Defoe, et de personnages fabuleux, comme Alice. C'est ainsi, peu à peu, le génie de l'Angleterre qui se découvre à lui, l'esprit singulier d'une langue et d'une culture, une «mélodie d'Albion» jamais perçue jusqu'alors.
Comme toujours chez Peter Ackroyd il est ici question de l'ancien et du nouveau, de mémoire et d'héritage, de filiation et de paternité. Ignorant les barrières du visible et de l'invisible, du réel et de l'imaginaire, La Mélodie d'Albion retrace un extraordinaire pèlerinage dans le passé à la recherche des clefs du présent.