Un miracle s'est produit dans un centre de redressemmt pour jeunes délinquantes dirigé par des religieuses : Monique Saruel dit avoir aperçu la Vierge. L'effet produit sur ses camarades est considérable, mais l'opinion des religieuses est très partagée : pour Sœur Chantal et Sœur Anne-Marie il s'agit d'une hystérie collective, d'autres comme Sœur Philomène, se réjouissent de cette apparition et ne demandent qu'à y croire. La Supérieure, avec son expérience et son autorité, redoute par-dessus tout une supercherie qui jetterait le ridicule sur la maison, si elle s'ébruitait dans la presse. Elle décide donc de supprimer les causes vraisemblables de l'illusion qui a permis
à la jeune fille de croire à une apparition : le reflet lumineux projeté par un vasistas sur le mur du couloir. Elle le fait donc fermer. Restée seule au dortoir, Monique veut aller retrouver son apparition, mais, voyant le vasistas fermé, et le mur d'en face presque vide, elle se pend de désespoir à la corde même du vasistas. Peu après un journaliste, introduit en fraude par la concierge, se heurte aux jambes pendantes de la suicidée, prend naturellement un cliché, et son article provoque la visite du Chef de Cabinet du Préfet à la Supérieure qui interroge tout le monde. L' enquête du fonctionnaire auprès des détenues amène certaines surprises : l'une ne voit en lui qu'un homme à séduire, l'autre manifeste une douleur hystérique qui rend toute conversation impossible, la troisième accuse uniquement la «guigne» d'être responsable de tout. Pas un mot, en somme, qui permette de comprendre le geste de Monique. La Supérieure fait de son côté quelques découvertes sur l'état d'esprit de toutes ces pauvres filles, et l'on sent que, peu à peu, son mépris, son dégoût font place à la pitié et à la compréhension. Elle est bien près d'envier ces natures chaudes, sentimentales, promptes au bien comme au mal, et de croire que parmi elles avait éclos précisément la grâce d'un miracle. C'est cela la «révélation».