À vouloir justifier la juxtaposition des mots jardins et paradis en recourant à l'étymologie, on risque de se faire accuser de pléonasme. C'est
pourtant par la végétation du langage que nous aborderons le monde familier et mystérieux du jardin, et c'est à partir des racines que nous suivrons tout naturellement le chemin des sèves.
Tout jardinier porte en lui les démons qui justement firent perdre à l'homme le Paradis, et Louis XIV donnant des ordres à Le Nôtre est le frère du petit rentier qu'on voit tracer les allées de son jardinet rococo. Mais tout jardinier porte aussi en lui les germes d'une nostalgie angélique qui le pousse à réorganiser du mieux qu'il peut les horizons dont il est propriétaire. C'est de cette combinaison d'impérialisme et de séraphisme qu'est né l'art des jardins.