On a prétendu que l'œuvre de Pierre Hamp ne contentait point l'esprit féminin et avait une documentation trop puissante et un style trop musclé pour «plaire aux dames».
Si cette opinion était prouvée, elle ne serait pas un reproche à l'égard de Pierre Hamp. La preuve qu'il ne faut pas y ajouter foi est l'épuisement du livre Le lin, que la librairie Gallimard est obligée de rééditer en édition définitive et texte revu et corrigé. Dans cet ouvrage de la série «La Peine des Hommes» il y a toute l'intimité de la femme, non seulement sa psychologie mais son linge, sa tendresse et sa toilette. Le vêtement féminin n'y est pas, comme dans le roman pur, une description d'apparat, ni comme dans le Journal de modes une définition technique. C'est une palpitation pareille à celle de la chair vivante. Le corps et l'étoffe, le baiser et le voile, l'amour et la couture apparaissent dans leur intime association.
Des fileuses de lin de Flandre à la robe de mariée en l'église parisienne de Saint-Honoré d'Eylau, c'est un mouvement continu de passionnante enquête et de méticuleuse investigation dans l'âme de l'ouvrière et dans celle de la cliente.
Deux livres de Pierre Hamp ont uni la féminité du travail et de l'amour : Le Cantique
des Cantiques qui est l'épopée des parfums tirés des fleurs de Grasse, Le Lin qui est l'auréole du fil affiné comme un bijou pour vêtir la tendresse nuptiale.
Quand Pierre Hamp a écrit Le Lin en 1924, cette douce fibre passait de mode dans le vêtement féminin. Aujourd'hui elle est revenue en pleine vogue et Le Lin est réédité. C'est donc que l'œuvre de Pierre Hamp a une juste vision de la noble et pure féminité, des rayons de blanc aux rayons de l'Amour.