Marcel Giuglaris, journaliste français, a vu la guerre du Vietnam de plus près que la plupart des correspondants. Il a pu regarder fonctionner l'immense machine de guerre américaine non seulement à Saigon, dans les rizières, sur les plateaux, à Da Nang et dans
d'autres bases militaires, mais il a eu accès au Camp Smith d'Hawaii, où siège le Commandement en chef pour le Pacifique. Il a vécu
sur les porte-avions géants de la Septième Escadre.
Cette expérience, cette masse de choses vues et d'informations personnelles lui ont permis de faire revivre en détail la dramatique journée du 7 février 1965.
C'est le jour où les Américains décidèrent de franchir un échelon décisif dans l'escalade : le bombardement du Nord Vietnam. Du président Johnson, dans son bureau de la Maison Blanche, au simple G.I. de faction dans un poste du Vietnam, ou encore de Minh, l'humble réparateur de bicyclettes de Pleiku, acquis au Vietcong, des salles secrètes où ronronnent les machines I.B.M., où s'allument les lumières vertes et rouges des cartes géantes, où des téléphones
dorés apportent les ordres du Président, il reconstitue, dans ses moindres détails, ce dimanche décisif où chaque minute a compté.
Dans une deuxième partie, Marcel Giuglaris raconte, avec la même précision, deux autres épisodes de l'escalade : le débarquement
massif des «marines» à Da Nang, précédé de l'opération Lance d'Argent, gigantesque répétition de la guerre du Vietnam sur la côte américaine.
Le livre de Marcel Giuglaris ne vaut pas seulement par la couleur et le détail, il fait comprendre l'évolution de la statégie américaine, au Vietnam et dans le monde, et il n'oublie jamais que ce conflit, pensé en termes de problème, par les cerveaux humains et
électroniques, est lié à d'immenses souffrances pour un peuple écrasé par la guerre.