Trad. de l'anglais (États-Unis) par François Fosca
La première fois que l'on conseilla à Laura Fermi d'écrire cet ouvrage, elle répondit : «...Je prépare les repas de mon mari, je repasse ses chemises, comment voulez-vous que je le prenne au sérieux?» Un jour, pourtant, elle céda à la pression exercée par ses amis, et le résultat est une biographie brillante, sans prétention aucune, qui nous fait pénétrer dans les coulisses de la recherche atomique, et l'auteur décrit avec autant de compétence que de charme ce qu'on pourrait appeler «la pile atomique en pantoufles».
Avec humour, Laura Fermi raconte sa rencontre avec celui qu'elle devait épouser, leur mariage, leurs tribulations en bébé Peugeot et les premières découvertes qui, bien des années plus tard, aboutiront à la mise au point de la première pile atomique. L'emprise croissante du fascisme en Italie et de l'antisémitisme oblige les Fermi (Laura étant d'origine israëlite) à émigrer aux États-Unis, et l'obtention du Prix Nobel par Enrico Fermi favorise ce départ.
Tout en décrivant avec la drôlerie qui lui est propre les difficultés de l'installation en Amérique, l'auteur nous fait participer aux recherches et à la vie familiale des savants de Los Alamos où Enrico Fermi travaille avec Bohr, Oppenheimer, Groves, Urey,
Fuchs et Pontecorvo qu'elle a bien connus. Elle nous fait vivre les derniers jours fiévreux précédant le grand jour où l'on essaiera la bombe dans le Nouveau Mexique, puis ceux où, la guerre finie, la vie continuera dans ces laboratoires où sont construits des appareils de plus en plus gigantesques.
Ce document authentique ne cesse d'être amusant car l'auteur a su n'y introduire que juste ce qui est nécessaire de vulgarisation scientifique pour nous permettre de comprendre les travaux auxquels se livraient Fermi et ses collaborateurs ; dans cette
partie, d'ailleurs, elle a été aidée par l'un d'eux. C'est le livre d'une femme qui se trouve être l'épouse d'un savant dont les découvertes ont bouleversé le monde, mais à laquelle il en faudrait davantage pour faire perdre son sens de l'humour.
Lorsqu'elle écrivait ce livre, Laura Fermi ne savait pas qu'elle perdrait bientôt son compagnon. Cette biographie prend aujourd'hui toute sa valeur.