Parmi les jeunes écrivains russes actuels nul n'a atteint le succès de Zochtchenko. Ce conteur joyeux des petits incidents de la vie soviétique, où à travers l'humour percent des larmes de pitié, est le continuateur direct d'Antoine Tchekhoff et pourrait certes être nommé le Courteline russe.
Aucun roman, si profond qu'il soit, ne pourrait avec autant de netteté évoquer l'envers de la médaille de la vie russe de nos jours. Dans ces petits faits-divers quelconques, plaisamment contés, n'ayant rien d'héroïque et de profond semble-t-il, nous
reconnaissons la vie réelle, grise et mesquine, la vie de tous les jours et ce qu'il y a de plus curieux de tous les pays, car tous les héros de Zochtchenko nous les connaissons, nous les avons vus, entendus, coudoyés partout aussi bien en Russie qu'à Paris ou en province.
La langue de Zochtchenko est particulièrement savoureuse, car il emploie fréquemment l'argot devenu courant depuis la révolution.
Tout lecteur qui prend intérêt à la vie soviétique devra lire ces contes, images sans fard de la vie actuelle qui forment une bande de films incomparables et éclatants, presque documentaires.