Créateur de l'Abstraction lyrique, Georges Mathieu a introduit dans l'art occidental les notions de vitesse et de risque, faisant s'écrouler tout l'édifice gréco-latin. Son esthétique est tout ensemble une éthique et une métaphysique, remettant en cause toutes nos mœurs et tous nos moules de pensée.
Depuis vingt-cinq ans, il n'a cessé de manifester sa révolte contre l'humanisme cartésien et sa fureur contre l'«abjecte» société bourgeoise, de dénoncer la sclérose de notre enseignement et les carences de nos institutions. Il a lancé des réquisitoires cinglants contre l'esthétique industrielle, la laideur de nos villes, la médiocrité des objets quotidiens, de nos monuments, de nos fêtes, et s'est attaqué avec violence à toutes les formes d'engourdissement, de nivellement et d'avilissement de l'esprit. Dès 1964, il fait appel aux jeunes et aux artistes pour opposer un «refus total» à un monde qui exclut, chaque jour davantage, les valeurs affectives et «les privilèges de nos singularités vivantes».
La renaissance qu'il propose est une audacieuse entreprise spirituelle, transformant de fond en comble la conscience que notre société a d'elle-même et le rôle de l'artiste au sein de celle-ci.