Les Entretiens avec le professeur Y sont un «art poétique». L'auteur s'explique sur un grand nombre de points, mais il s'explique en prophète.
C'est ainsi que le professeur Y apprend que Céline enfourne dans un «métro magique» les épiciers, les badauds, les sergents de ville, etc., bref tout ce qui se trouve à la surface de la terre, et que ce métro magique roule sur des «rails émotifs».
Le cinéma a tué une certaine forme de roman, comme jadis l'invention de la photographie a rendu impossible la peinture «académique» et «ressemblante».
Céline introduit dans la littérature française «une toute petite invention, comme le bouton de col à bascule, le pignon double pour vélo». Cette déclaration pèche par la modestie, car l'invention de Céline, c'est l'émotion dans le langage écrit. Personne, en effet, avant Céline, n'avait écrit comme lui et, depuis 1932, beaucoup l'ont imité sans jamais l'égaler.
Les Entretiens avec le professeur Y, livre plein de richesse et de saveur, sont un ouvrage-clé dans l'œuvre de Céline. La bonne humeur et la santé qu'ils respirent nous montrent une fois de plus que nous avons affaire à un écrivain de génie.