Vaudou

Au catalogue de l'éditeur depuis 2020
Édition publiée sous la direction de Michel Le Bris
Parution
À partir des croyances de certaines régions d'Afrique (golfe du Bénin, Ghana, Nigéria, Togo), les esclaves déportés vers les Antilles tentèrent de retrouver un peu d'espoir et de dignité en élaborant une religion nouvelle, intégrant aux cultes de divers royaumes africains qu'ils venaient de quitter, les rites et personnages du catholicisme imposé par leurs colonisateurs. Ils appelèrent cette religion en gestation «candomblé» au Brésil, «santeria» à Cuba, «obeayisne» à la Jamaïque, «shango cult» à la Trinité, «vodou» en Haïti. La pratique du culte faisait naître parmi ces gens d'origines africaines différentes une conscience commune.
Le culte vaudou, interdit par les conquérants et leurs missionnaires, diabolisé par les puissants d'Europe et d'Amérique, fut durant de longues années la seule richesse, l'espoir de ces millions de femmes, d'hommes et d'enfants arrachés à l'humanité niée par les esclavagistes. Plus tard, encore, c'est vers la libération des peuples asservis que tendront toutes ces forces réunies. Haïti sera la première à conquérir sa liberté par les armes (1804).
Ainsi le vaudou, loin d'être une simple pratique païenne primitive ou diabolique, est-il intimement lié à l'histoire tragique de ces peuples. D'autant que la rumeur de la Révolution française s'est propagée jusque dans les colonies.
C’est aussi une création artistique foisonnante, fortement marquée par la revendication d'une certaine spiritualité issue du vaudou. Cet art comme surgi de nulle part ne cesse d'évoluer. Mais, qu'ils soient paysans illettrés ou artistes contemporains cultivés, tous pratiquent ce qu'André Malraux a appelé «l'expérience la plus saisissante et la seule contrôlable de la peinture magique du XXᵉ siècle».