«Qu'est devenue Agnès Boussardel?» Cette question que des lecteurs ont pu se poser, puisqu'ils l'ont souvent posée à l'auteur, Philippe
Hériat a fini par se la poser lui-même. Il avait publié d'abord Les Enfants gâtés dont Agnès, jeune fille, était le personnage central ; remontant ensuite dans le passé il écrivit Famille Boussardel qui la voyait naître aux derniers chapitres ; puis il revint à son héroïne, jeune femme dans Les Grilles d'Or. Cette démarche indique assez que le romancier des Boussardel, loin de sacrifier à la formule du roman-fleuve en plusieurs tomes, se rattache à une autre tradition, celle du retour des personnages. Chaque
volume chez lui forme un tout et Le Temps d'aimer peut se lire seul.
Cependant Agnès et son fils, dès la première ligne, y reparaissent. Philippe Hériat est de ces romanciers pour qui les personnages comptent : cette fois plus que jamais il s'est soumis à eux. Au lieu de construire son action sur un plan préconçu et de diriger de là les opérations, il s'est laissé conduire. Agnès l'a repris par la main et c'est elle qui, à travers les soucis du temps présent, l'a mené où elle devait aller : loin de Paris, au grand soleil, à l'air pur.Prisonnière d'abord d'une exclusive passion pour son garçon, entraînée bientôt par un nouveau sentiment qui est comme le dédoublement
du premier, elle parvient non sans troubles à l'équilibre enfin d'un amour vrai, à l'élimination de ses anciens poisons, au temps d'aimer.