Ramza est aujourd'hui une très vieille dame. Dans un hôtel sur les bords du Nil, elle évoque pour l'auteur son enfance, sa jeunesse, le drame qui, culminant en un célèbre procès, a ébranlé la société égyptienne tout entière. Fille unique d'un haut fonctionnaire et d'une esclave serbe, adorée, choyée et surtout instruite par un père très occidentalisé, Ramza a passé dans le harem de celui-ci une enfance heureuse. L'éducation que lui a donnée son père n'a pas contribué à apaiser le ferment de révolte qui habite son cœur. Sa mère est morte.Elle-même est devenue une jeune fille qui jure qu'on ne la mariera jamais contre son gré à la mode égyptienne. Elle fait confiance à son père : les idées nouvelles lui sont trop chères pour qu'il ne les applique pas à sa fille. Ramza se trompe : lorsqu'il s'agira de la marier, son père retrouvera intacte la tradition de ses aïeux.
Ramza se révolte d'autant plus violemment qu'elle aime avec passion Maher, le frère d'une amie de pension. Le père de Ramza refuse tout net d'accorder sa fille unique à ce Maher, fils d'un marchand de bois et officier sans fortune. Ramza s'enfuit, retrouve Maher, l'épouse dans un tourbillon. Son père, son beau-père se liguent contre elle. Un procès doit annuler son mariage. Ramza refuse de se soumettre, se considère toujours l'épouse de Maher, mais, lorsqu'elle sent qu'il ne veut pas d'elle, qu'il la juge déclassée, elle le quitte. Son père est mort de chagrin. Elle est libre et riche. Sa vie sera consacrée à l'émancipation des femmes égyptiennes.
Out-el-Kouloub dépeint une société que l'on imagine singulière à cause des voiles et de la polygamie, et qui en fin de compte ressemble étrangement à celles de Balzac et de Simenon. Vorlà comment cette romancière égyptienne a écrit un très beau roman français.