Ce récit est celui d'un survivant échappé à une catastrophe. Un déluge – sans doute faut-il voir ici, comme dans les précédentes nouvelles de l'auteur, un symbole du bombardement de Hambourg – un déluge a détruit ce qui fut.
L'annonce de la catastrophe a été l'apparition
au-dessus de la ville de deux grands oiseaux noirs. Les hommes ont vu le signe et n'ont pas su l'interpréter. Le bouleversement révolu, seul
se dresse au milieu des épaves humaines un homme conscient, le Survivant. Il assiste à la naissance d'une cité, et il est le seul qui la
rattache au passé. Il s'agit d'une renaissance, de la création d'une société nouvelle, d'une morale nouvelle.
Nossack considère qu'il n'y a pas de «réadaptation» possible à la vie précaire de l'après-guerre, car tout est changé de fond en comble. C'est un «service funèbre» – tel est le sens du Nekyia, titre du Il^e chant de l'Odyssée – que célèbre l'auteur, en l'honneur d'un passé aboli. Ce point de vue est sans doute sujet à caution : il offre cependant une tentative d'explication du grand désarroi moral et intellectuel de notre
époque.