C'est dans cette solitude – vertigineuse – qu'il faut chercher la signature de l'homme, dans le combat mené nuit après nuit contre le
désespoir, l'Ange, la démence et lui-même... Holan étonné... Une vie si nue, qui peut se résumer en deux lignes – il n'a guère quitté Prague, ni fait parler de lui, champion silencieux en deux lignes, depuis la fin de la guerre, du «Formalisme» – il étonne par son langage, il dépayse par ses thèmes : le vin, l'ambiance souvent paysanne, la tradition catholique, toutes choses qui ne font pas ou plus le décor quotidien des Tchèques, formés à la bière, aux paysages industriels, au socialisme protestant ; il surprend par ses références culturelles,
tant il mêle et embrasse les civilisations disparues et les mythologies présentes ; il surprend par la tentation de l'hellénisme enfin qu'on lui sent, dans un pays de traditions médiévales, baroques et parisiennes – sans parIer des Germains, quelquefois cousins.
Ce poème, qui est un récit et un chant, contient la vie même : pour le «situer», c'est un peu soi-même qu'il faut situer.
Le cœur du monde bat ici, d'inquiétude et d'espérance, imprécation, incantation.