Ce volume contient douze histoires. Leurs protagonistes, des rêveurs impénitents, sont tous des Monsieur-tout-le-monde qui n'ont pas les moyens de leurs ambitions. Or, par leur coloration particulière, ces histoires appartiennent à trois veines narratives subtilement différentes : le conte satirique et en l'occurrence désopilant, comme «Petit Victor, l'homme oblique», un personnage haut en couleur qui voit et fait tout de travers ; le récit cauchemardesque, tel «Le poisson dans l'après-midi froid», parabole d'un homme dont l'existence ne tient qu'à un fil imaginaire, troublante illustration de la pensée magique et du délire obsessionnel ; et enfin, la nouvelle proprement dite, laquelle ne dédaigne pas les méandres de la rêverie, comme «La porte en deux», où un employé modèle quitte sa famille, son travail et ses amis pour scier une porte et en faire une bibliothèque. Et où l'humour se fait de plus en plus grinçant, une fantaisie souveraine le disputant au détail sordide.
Mais, presque toujours, quand le désespoir se profile, l'ironie le tient en respect, l'art du narrateur faisant alterner la divagation métaphysique et la notation picaresque, l'imagination la plus débridée cédant le pas aux raisonnements les plus inattendus...