L'écrivain argentin Ricardo Güiraldès (1886-1927), poète et romancier, s'est surtout imposé dans le mouvement littéraire de son temps par son roman Don Segundo Sombra, paru en 1926, réalisant ainsi une prophétie de son ami Valery Larbaud qui avait vu en lui l'un des futurs grands écrivains des lettres hispano-américaines.
Don Segundo Sombra est le chef-d'œuvre de Güiraldès et lui donna la gloire à la veille de sa mort. C'est le roman du gaucho argentin, type qui, comme on le sait, est traditionnel dans la littérature du pays et a fait l'objet de nombreux chants poétiques, dont le célèbre Martin Fierro de José Hernandez. Gaucho certes à son déclin, devenu surtout «resero», gardien de troupeaux expert aux tâches que comportent le dressage et la transhumance.
C'est avec beaucoup d'amour et d'émotion, sans exclure la fidélité (car Segundo Sombra a vraiment existé) que Ricardo Güiraldès dépeint la pampa argentine, les rudes travaux et les humbles joies qui marquent profondément ses héros. La composition et le style sont d'un artiste exemplaire. L'œuvre se présente comme un récit de ces «années d'apprentissage» ou d'éducation virile où chaque peuple définit les valeurs humaines qu'il place au plus haut.