Claude Aveline, un des jeunes romanciers français les plus subtils, exigea il y a quelque temps du roman policier, de s'humaniser pour ne pas périr. Sans probablement le connaître, M. Speyer, écrivain allemand d'une réelle valeur littéraire et dont les œuvres sont hautement cotées Outre-Rhin, a été l'un des premiers, sinon le premier, à se conformer à ce judicieux conseil. Son Roman d'une nuit qui n'a rien de commun avec les nombreux récits grandguignolesques dont sont encombrées les librairies, mais qui est le fruit des loisirs d'un littérateur de grand talent, brise résolument les cadres du genre. Ne retenant de la technique coutumière du roman policier que le souci constant de passionner le lecteur, M. Speyer s'est appliqué non seulement à situer son action dans le cadre charmant de la Haute-Bavière dont il décrit magistralement les beautés, mais encore à nous donner une étude de mœurs d'une grande saveur satirique et humoristique. Ainsi le procès devant une cour d'assises de province qui occupe une partie importante du livre, est un véritable petit chef-d'œuvre de pénétration psychologique et de malice. Ajoutons que M. Speyer, outre son sens très vif du mouvement, apporte à son style un soin auquel peu d'écrivains policiers nous ont habitué, ce qui évidemment ne gâte rien.