On retrouvera dans l'histoire de Violette Marinier le même climat poétique et passionnel que dans Rose Colonna, le premier roman de Marie-Anne Comnène. Le destin de Rose, l'héroïne sauvage et pure qui mourait de n'avoir pas rencontré un être à sa mesure, était de ne pouvoir agir qu'après sa mort. Ce n'est pas en vain qu'elle a brûlé, rayonné, qu'elle a tout sacrifié. Violette Marinier nous montre son souvenir et son exemple dominant la destinée de l'homme qui avait hésité à répondre à son dernier appel de vivante et, plus encore, celle de Violette, sa disciple, son enfant d'élection.
Ce que «l'imitation» de Rose Colonna imposera à Violette Marinier, ce sera
d'abord de lutter pour transformer en amour la tendresse et l'estime qu'elle a pour un mari qui l'adore ; – puis, quand elle aura constaté que c'est en vain, de dériver sur son enfant toutes ses forces d'amour ; – enfin, lorsqu'elle aura rencontré l'homme digne d'elle, le pareil de Rose, de s'abandonner à sa passion et de conquérir sa liberté, sans renoncer à son enfant qu'elle enlève. Un autre roman nous contera peut-être la
suite de ce rapt et l'évolution de ce grand amour.
Ce qui donne à cette histoire éternelle sa couleur et son accent particuliers, c'est
l'atmosphère de noblesse morale et de franchise dans laquelle elle se déroule. Ce qui multiplie sa résonance, c'est qu'elle coïncide avec la guerre, qu'elle est même déclenchée par elle et que le roman de Violette devient celui de l'amoureuse dont «l'homme» combat en première ligne. Dans l'évocation de la guerre à l'arrière-front, dans les hôpitaux, sur la Côte d'Azur, on retrouve le sens dramatique, le lyrisme familier et
l'humour que la critique signalait déjà dans Rose Colonna.
«Roman de destinée» comme le précédent, le nouveau livre de Marie-Anne Comnène se double d'un «documentaire» très poussé sur la psychologie conjugale et celle de la femme d'aujourd'hui.